Alimentation et endométriose
L’endométriose est une maladie inflammatoire chronique hormono-dépendante caractérisée par la présence d’endomètre au-delà de la cavité utérine. La maladie touche 5 à 15 % des femmes en âge de procréer, dont 30 à 50 % souffrent d’infertilité.
Le web regorge de conseils alimentation spéciale endométriose. Sans gluten, sans lactose, anti-inflammatoire…
Mais les recommandations diététiques peuvent-elles être utiles à des fins de prévention ? Quelle alimentation adopter lorsque l’on souffre d’endométriose ?
1) Des recommandations diététiques à des fins de prévention ?
Actuellement, il n’existe pas de corrélation claire entre des produits alimentaires particuliers et le risque d’endométriose. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour bien comprendre l’influence des produits alimentaires consommés sur le risque de développement de cette maladie.
Cependant, plusieurs études semblent indiquer
- une diminution du risque de développer une endométriose en cas de consommation de fruits, de légumes, de produits laitiers (calcium + vit. D3), d’huiles de poisson et d’oméga 3
- une augmentation du risque d’endométriose en cas de consommation élevée d’acides gras trans-insaturés, de viande rouge et d’alcool.
En clair, les recommandations sont donc en faveur d’une alimentation équilibrée sans excès. Certains aliments incriminés ne posent en effet généralement pas de problème en consommation “normale”. Ce sont des recommandations classiques vis-à-vis du PNNS.
On peut donc se demander s’il existe réellement une causalité entre la consommation de ces aliments ou si c’est une corrélation avec le fait d’avoir une alimentation répondant de façon plus globale aux recommandations du programme national de santé. Cette dernière permettant tout de même de réduire les risques de contracter certaines pathologies selon les données épidémiologiques.
L’endométriose est une pathologie dont la cause est multifactorielle et encore relativement mal connue.
L’alimentation ne peut donc être considérée comme la cause unique de cette pathologie. Mais cela reste mieux de bien manger !
2) Quelles recommandations suivre lorsque l’on en est atteint ?
“Alimentation anti-inflammatoire, sans gluten, sans lactose, sans FODMAP, sans viande rouge…” Sans rien ? Les recommandations faites aux personnes souffrant d’endométriose sont-elles justifiées ?
Les résultats des études actuellement disponibles ne permettent pas non plus de formuler une recommandation claire et scientifique ni d’indiquer un régime alimentaire détaillé.
Il semblerait que :
- les oméga 3 en combinaison avec la vitamine B12 soient associées à un effet positif sur les symptômes de l’endométriose (en particulier la dysménorrhée).
- l’alcool et la consommation accrue de viande rouge et de graisses trans soient associés à un effet négatif.
Les résultats des études mentionnées concernant les fruits et légumes, les produits laitiers, les graisses insaturées, les fibres, les produits à base de soja et le café ne sont pas clairs. C’est pourquoi les recommandations générales pour une alimentation équilibrée et variée s’appliquent, de même que la recommandation de supprimer l’alcool.
Cependant, les modifications du régime alimentaire sont une stratégie d’autogestion très courante utilisée par les personnes atteintes d’endométriose, les bénéfices étant principalement rapportés sur les symptômes gastro-intestinaux de la pathologie.
La réduction ou l’élimination du gluten, des produits laitiers, des FODMAPs ou une combinaison de ces éléments est la stratégie la plus courante. Aucun régime ne semble apporter plus d’avantages que les autres.
On peut donc en conclure que l’alimentation doit être individualisée en fonction de ce qui semble favoriser le confort digestif, particulièrement lors des poussées douloureuses.
Alimentation et endométriose : Du bon sens et de la personnalisation
En effet, les troubles digestifs sont des symptômes de l’endométriose, soit d’origine hormonale (comme lors d’un syndrome prémenstruel), soit d’origine lésionnelle selon l’étendue de l’atteinte (autrement dit, selon si l’endomètre a colonisé ou pas le tube digestif, il y a plusieurs stades évolutifs).
La réduction des aliments pouvant occasionner des troubles digestifs, comme le gluten ou les aliments fermentescibles (dont le blé, donc à voir si on parle bien d’intolérance au gluten ou aux fructo-oligosaccharides du blé) permet donc d’atténuer ces symptômes.
La liste des aliments les plus susceptibles d’aggraver les troubles est donc à définir en fonction de la tolérance de chacun.
Comme en cas de syndrome du colon irritable, les “doses” pouvant être consommées ou les évictions strictes dépendent de chacun.
Par exemple, lors de phases non douloureuses et sans troubles digestifs, les restrictions n’ont pas forcément lieu d’être. Parfois, une alimentation de type “confort digestif” équilibrée peut suffire à réduire les symptômes.
En cas d’atteinte avancée, la prescription d’une adaptation de l’alimentation sera de toutes façons du ressort d’un médecin, comme pour les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.
Les recommandations concernant les W3, la vit. B12, et la consommation modérée de viande rouge, d’alcool et d’acides gras trans semblent avoir un coût contraintes/bénéfices qui suggèrent de les prendre en compte, conformément aux recommandations du PNNS vis à vis de ces aliments pour la population générale.
Si vous êtes atteinte d’endométriose et que vous avez des difficultés à trouver votre équilibre alimentaire, n’hésitez pas à vous faire aider par un professionnel de la nutrition.
Sources :
Armour M, Middleton A, Lim S, Sinclair J, Varjabedian D, Smith CA. Dietary Practices of Women with Endometriosis: A Cross-Sectional Survey. J Altern Complement Med. 2021 Sep;27(9):771-777. doi: 10.1089/acm.2021.0068. Epub 2021 Jun 23. PMID: 34161144.
Helbig M, Vesper AS, Beyer I, Fehm T. Does Nutrition Affect Endometriosis? Geburtshilfe Frauenheilkd. 2021 Feb;81(2):191-199. doi: 10.1055/a-1207-0557. Epub 2021 Feb 8. PMID: 33574623; PMCID: PMC7870287.
Osmanlıoğlu Ş, Sanlier N. The relationship between endometriosis and diet. Hum Fertil (Camb). 2021 Oct 27:1-16. doi: 10.1080/14647273.2021.1995900. Epub ahead of print. PMID: 34706611.
Jurkiewicz-Przondziono J, Lemm M, Kwiatkowska-Pamuła A, Ziółko E, Wójtowicz MK. Influence of diet on the risk of developing endometriosis. Ginekol Pol. 2017;88(2):96-102. doi: 10.5603/GP.a2017.0017. PMID: 28326519.